ensiferum -4-2

Vendredi 14 Août – Nous entamons déjà le troisième jour de festival. Il fait chaud, cette année la météo est plus que clémente et, c’est coiffée de mon beau chapeau aux couleurs du Summer Breeze que je regagne le site.


HEIDEVOLK

11h50 Ce sont les membres d’Heidevolk qui vont fouler la Pain Stage pour la première fois de la journée et les festivaliers se sont rassemblés en masse. Si je n’ai jamais compris les paroles de ce groupe qui écrit tout en néerlandais j’ai toujours bien accroché à leur folk metal inspiré par la nature et la mythologie germanique. Le sextet apparait alors que résonne Winter woede, titre de leur dernier opus Velua fraîchement sorti. Ils attaquent fort avec cette chanson très punchy, le son des guitares est vif et robuste. Le bassiste parcourt la scène de long en large, pendant que le batteur s’active avec le sourire. Les voix des deux chanteurs sont complémentaires, ça passe vraiment bien. La complicité générale est évidente et les musiciens, costumés à la mode viking, sont hyper souriants. Dans le pit, l’ambiance est également très bonne. On entendra de chouettes titres dont Urth, Nehalennia ou encore Vulgaris Magristalis. Concert très plaisant pour bien démarrer la journée.


KISSIN’ DYNAMITE

Kissin’ Dynamite va se produire sur la Main Stage, là, il faut aimer le glam moderne made in Germany. Ayant déjà vu le groupe plusieurs fois, je sais à quoi m’attendre, néanmoins, je suis curieuse de voir ce que ça donne à domicile. La foule est dense et semble prête à se déhancher malgré la température extrême. Andreas Braun, Jim Müller (guitares), Andres Schnitzer (batterie), Hannes Braun (chant) et Steffen Haile (basse) arrivent chaudement acclamés. Démarrage explosif, “Hey hey hey…DNA…DNA…” c’est vrai qu’avec leur énergie débordante et leurs sourires on a quand même, un peu, envie de pousser la chansonnette avec eux. Le second titre est Running Free, plutôt cool avec ce rythme de batterie très groovy. Résumons : tu prends trois riffs, quelques beats entrainants, 2 mots marquants en guise de refrain qui te reste dans la tête pendant des heures, des costumes ultra kitchs, de l’amour bisounours, de la joie, quelques pas de danse et tu obtiens un concert de Kissin’ Dynamite. Hannes a fait d’énormes progrès et son chant est vraiment de qualité. Les gars sont sympathiques et une partie du public est enfiévrée mais je suis très vite lassée. Passons à la suite.


BLUTENGEL

13h30 Le décor est installé sur la scène voisine, l’immense backdrop de Blutengel habille le fond, sobre mais joli. Une intro retentit et les gothiques grimpent sur les planches. J’écoutais ce groupe d’électro-pop, dark wave il y’a une petite dizaine d’années et je trouve que ça n’a pas tellement bien vieilli. Si le chanteur Chris Pohl se porte comme un charme et que le temps ne semble avoir aucun effet sur lui, musicalement cela semble un peu démodé et ça manque cruellement de peps. J’imagine qu’il aurait été plus commode de juger un show tel que celui-ci by night, de jour il est plus difficile de rentrer dans leur univers dark/vampirique. Ulrike Goldmann a une jolie voix mais je la trouve beaucoup moins attrayante que les chanteuses précédentes, c’était aussi ça qui faisait le charme du groupe. Le show est agrémenté par de petites mises en scène, des danseuses viendront onduler leurs corps autour du batteur, habillées en nonnes, avant de se dévêtir et de jouer avec le feu: sexy. Je m’ennuie malheureusement trop vite.


ALESTORM

On continue le marathon en direction de la scène principale où, une fois de plus, les festivaliers se sont réunis en nombre. Aujourd’hui l’humeur est à la fête avec de nombreux groupes de folk metal. Les écossais d’Alestorm ne manquent pas à l’appel. Après la sortie de l’album Sunset on the Golden Age l’an dernier, le guitariste Dani Evans annonce son départ, aussitôt remplacé par Maté Bodor. De plus, Elliot Vernon jusqu’alors claveriste live, intègre la formation à plein temps. Nouvelle tournée, nouveau délire, les pirates se pointent dans un décor pop très coloré. On retrouve le banana-duck sur le backdrop ainsi que sur le t-shirt du vocaliste Christopher Bowes. Ce dernier porte d’ailleurs kilt et casquette: c’est un style… Après le récent Walk the plank c’est sur The Sunk’n Norwegian que les premiers éclats de voix font écho dans le public “One more drink at the sunk’n norwegian, one more drink before we have to die…” Chris, Maté, Elliot, Pete Alcorn (batterie) et Gareth Murdock (basse) vont nous faire danser, enchaînant les titres véhéments comme Shipwrecked. Les pirates nous offriront une bonne rasade de tubes dont Keelhaled, Rumpelkombo et Drink, entraînant les metalheads qui s’agrippent les épaules pour une session de balancé collectif et les crowd surfers voguent au dessus de nos têtes. C’est top, Alestorm aura, encore, mis le feu.


KADAVAR

15h10 je vais me régaler d’un peu de Kadavar. Le trio allemand est en pleine promo du nouvel opus à paraître, Berlin. Les voilà qui s’installent sur la Pain Stage, la guitare crépite, c’est l’inédit Lord of the sky qui résonne en guise de lancement. On retrouve Christoph Lindemann alias Lupus, à la guitare et au chant, Simon Bouteloup dit Dragon à la basse et le Tiger, Christoph Bartelt à la batterie. Le groupe nous sert un mix entre stoner rock et doom psychédélique, et du bon ! Caché derrière sa longue chevelure et sa barbe, Lupus, chante, s’égosille tout en délivrant des riffs bien heavy et rock’n’roll. Son grain de voix est vraiment plaisant, puissant, un peu nasillard et éraillé, j’adore! Le grand (même très grand) Tiger est simplement phénoménal, bien qu’il soit derrière son petit kit de batterie, il possède une présence scénique incroyable. Il frappe ses fûts avec fougue, il est comme possédé. Le frenchy Dragon est plus discret mais son jeu et sa technique sont excellents, ça groove! Il ya des passages énergiques qui vous procurent cette envie irrépressibles de remuer la tête comme un dingue et d’autres plus calmes, qui vous font totalement planer. Gros coup de cœur pour les titres Doomsday machine et All our thoughts : énormes ! J’ai pris mon pied et ma dose de rock’n’roll avec ce qu’il faut de wah-wah et autres effets de distorsion. Leur Abra Kadavar leur colle parfaitement à la peau.


ENSIFERUM

Après les pirates, ce sont maintentant les vikings qui vont envahir le Summer Breeze. Nous les avions vus et rencontrés à l’occasion de l’Xtreme Fest, voici le retour d’Ensiferum. Le spectacle ne sera sans conteste pas surprenant, même setlist, même décor, même jeu de scène. Les finnois ont un spectacle carré et bien rodé, néanmoins c’est de si bonne qualité que j’aurais tort de m’en priver. J’embarque donc pour une heure de voyage au coeur du folkore finlandais et du dernier opus One Man Army. Les vikings, fidèles à eux-mêmes, vont littéralement embraser la scène balançant les efficaces Axe of Judgement, Twilight Tavern, Lai Lai Hei ou encore From Afar.
Petri Lindroos et Markus Toivonen (chant/guitares) ainsi Sami Hinkka (chant et basse) me bluffent une fois de plus avec leur présence scénique, ces mecs ont un charisme extraordinaire. Le public est emporté, c’est de nouveau la bringue au pied de la Main Stage, ça jump, ça crie et ça tape dans les mains. Cette bonne humeur fait vraiment du bien. Pas de changement en ce qui concerne la claviériste Emmi Silvennoinen, à croire que son visage est dépourvu de muscle tant elle est inexpressive. Janne Parviainenn, que l’on aperçoit au loin derrière sa batterie, est égal à lui-même et incroyablement efficient. Ensiferum a pimenté le final avec deux danseuses légèrement vêtues pour une petite danse sur le rythme disco de Two of Spades. Un ajout un peu futile à mon sens mais probablement du goût de ces messieurs. Bon show, bon son, superbe ambiance ! Je dis oui.


PYOGENESIS

Par curiosité, je rejoins la scène avoisinante, où va jouer Pyogenesis que j’ai découvert il y a peu au travers de leur nouveau single Steam Paves Its Way et dont le clip, plutôt sympa, était récemment mis en ligne (merci AFM). Un des points très positifs de ce festival: découvrir des groupes qui ne passent jamais en France. La formation allemande est du genre à mélanger les styles, death, gothic ou encore rock alternatif, leur 7ème album, A Century In The Curse Of Time, vient de voir le jour. Ma première bonne impression sera concernant le décor, le super artwork du dernier opus habille la scène, quelques effets de pyrotechnie ainsi qu’un beau show lumineux viendront agrémenter le spectacle. Le charmant leader Flo V. Schwarz, chanteur et guitariste, arrive en compagnie de Gizz Butt à la guitare, Malte Brauer à la basse et du batteur Jan Räthje. Le classieux quatuor en costumes trois pièces opère un démarrage punchy avec Through the Flames, un titre très électrique avec un chant death qui vous plonge tout de suite dans l’ambiance. Je ne comprends pas tout car le frontman s’exprime en allemand mais il aime rire et s’amuser, sa première intervention nous vaudra une pluie de papier toilette. Le concert est vraiment appréciable, les musiciens sont super carrés, c’est propre et Gizz nous balance de très bon riffs avec sa belle ibanez rouge. Les variations vocales de Flo sont très intéressantes et les beats de batterie sont bien variés. Le vocaliste viendra flirter avec son public, allant jusqu’à se faire apporter un matelas gonflable pour surfer sur les bras tendus en chantant Don’t you say maybe que les fans connaissent par cœur. Un set rempli d’ondes positives qui prendra fin à 18h après Fade Away.


Motivée je décide de partir à l’opposé où doivent jouer les membres de Gloryhammer. Tout ça pour rien. En effet, la chaleur étouffante et le soleil éclatant vont laisser place à l’orage. Ironie quand on sait que la chanson que vient d’achever Pyogenesis se termine par un coup de tonnerre. Bref, la sécurité nous demande de quitter les lieux et c’est sous la pluie battante que nous partons nous réfugier dans les tentes et voitures les plus proches. Les imprévus font partie du jeu, toute la programmation est néanmoins maintenue, juste décalée. Il faudra attendre une bonne heure avant que la pluie ne cesse puis aller se sécher, se changer, manger…En chemin on fait de jolies rencontres et finalement je ne reviendrai sur le site que bien plus tard.


FINSTERFORST

La reprise se fait tranquillement, je me rends à la Camel Stage pour voir un groupe que j’écoute depuis longtemps pour la toute première fois. Les allemands de Finsterforst, vous nous faire sillonner dans les méandres de leur Forêt Noire bien aimée avec leur black metal folk. Pour ce faire, Oliver, Johannes, Tobias, Wombo, AlleyJazz, David et Simon s’arment de leurs instruments respectifs : micro, accordéon, basse, batterie, claviers et guitare. Chemises blanches et visages enduits de quelque chose qui ressemble à de la boue, backdrop aux couleurs du dernier opus Mach Dich Frei, lumière verte tamisée et fumée, le décor est posé. Le septuor se met en place lorsque la majestueuse intro de Fremd retentit. Ce morceau, tout en progression, est solide avec ses mélodies complexes où l’incisivité se mêle à la douceur. Je me retourne et prends conscience que le nombre de spectateurs s’est décuplé, c’est noir de monde ! Les musiciens sont tout azimutés, ils gigotent dans tous les sens, jouant avec emportement et stimulant la foule. Les cheveux virevoltent, et les « hey hey hey », s’élèvent pendant Zeit für Hass. Le chant d’Oliver est puissant, ses cris sont transperçants. Les compositions très techniques sont bien exécutées et l’accordéon, joué avec parcimonie, apporte vraiment quelque chose. Les clameurs reprennent de plus belle au lancement de l’ultime et excellent Mach Dich Frei. Un chouette concert de Finsterforst.


MARDUK

A présent, nous sommes parés pour prendre une petite dose de black metal en compagnie de Marduk. Les suédois étaient de passage chez nous en janvier à l’occasion de la sortie de Frontschwein. C’est d’ailleurs sur ce titre que l’on voit apparaître le vocaliste Mortuus, le guitariste Evil, Devo à la basse ainsi que Fredrik à la batterie, après une introduction sous tension. La setlist sera plus ou moins similaire, je suis toujours aussi fan de la super groovy The blond beast qui passe parfaitement en live avec un jeu de lumière presque disco. Ce rythme est carrément entrainant et les blast beats sont mortels ! De manière générale, la mise en scène se veut sobre, beaucoup de fumée et des lights éblouissantes suffisent. Comme d’habitude, le chanteur grimé rentre dans la peau de son personnage, n’hésitant pas à mettre le paquet sur la gestuelle. Le charisme et les cris déchirants de Mortuus font toujours leur effet. Evil et Devo gèrent également bien leur rôle jouant impeccablement chaque morceau. Quant à Fredrik, son coup de double pédale est aussi rapide qu’une mitrailleuse, l’homme frappe vite et fort sans jamais faillir. Sous le chapiteau beaucoup de metalheads s’adonnent à une séance de headbanging pendant que d’autres survolent la foule en surfant. Le son est fort mais cruellement bon! Womb of perishableness, Warschau et The Black se succéderont avant que Marduk ne quitte la scène. Un autre show d’une qualité irréprochable.


WALLS OF JERICHO

Il est déjà plus de 2h du matin, on commence à voir quelques festivaliers sur le déclin, luttant contre la fatigue tant bien que mal. Ils ne vont pas tarder à se faire réveiller par le punk hardcore, metalcore de Walls Of Jericho. La lumière s’éteint mais il faudra attendre un long moment avant le début du concert, quelques pas de danse au rythme de Daft Punk nous feront patienter. Une guitare bruit… gros riff puis, boum ! Candice Kucsulain arrive en trombe hurlant les paroles de All hail the dead. Les rythmiques dévastatrices sont assurées par le très bon Dustin Schoenhofer. Sur le devant de la scène, ce sont Chris Rawson et Mike Hasty qui se partagent les riffs de guitares, à la fois lourds et incisifs. A leurs côtés se tient Aaron Ruby qui fait vrombir sa basse et saute dans tous les sens, tout comme Mike. Les titres fusent pendant une heure : Feeding Fenzy, Relentless, Playing soldier again, The haunted… La boule de nerf Candice est, comme à l’accoutumé, proche de son public et propulse toute son énergie pour mettre le feu à la T-Stage. Les festivaliers sont bels et bien réveillés, ça s’agite sévèrement dans le pit, les pogos et circles pit sont lancés. Le hardcore athlétique de Walls of Jericho s’abat sur nous comme un véritable tsunami, c’est la folie ! Même si leur style musical n’est pas mon préféré, c’est impossible de ne pas s’éclater durant un de leur show tant leur énergie est communicative. Revival never goes out of style et son refrain fédérateur clôtureront ce show…décoiffant!


TEMPLE OF BAAL

Nous allons calmer le jeu avant d’aller dormir, c’est aux alentours de 3h30 du mat’ que les frenchy de Temple of Baal, montent sur les planches de la Camel Stage. La fatigue se fait sérieusement sentir mais pas question de manquer un aussi bon groupe, français qui plus est ! Temple of Baal agrémente parfaitement ses compositions black metal amenant des sonorités oldschool flirtant avec le death et même le thrash metal. Le quatuor va nous livrer un set fort d’intensité pendant plus d’une demi-heure. Les riffs mélodiques et techniquement bien foutus sont délivrés par Saroth et Amduscia. La voix caverneuse de ce dernier vous retourne les tripes. Les cymbales de Skvm sonnent en alternance avec les coups de double pédale qu’il envoie avec vélocité. La rythmique percutante est doublée par les vibrations de la basse d’Arkdaemon, qui, tout comme le guitariste, assure aussi les chœurs. Une atmosphère, particulière s’est installée au pied de la scène où les festivaliers sont absorbés par cette musique aussi sombre que poignante. Une journée qui s’achève en beauté sur ce show ultra carré et prégnant. Merci à Temple of Baal pour cette belle prestation.


Il est très tard, on sombre facilement dans les bras de Morphée après cette journée qui, malgré le petit incident pluvieux fut très bonne. Enorme coup de cœur pour Kadavar ! On se retrouve demain pour un ultime jour au Summer Breeze.


Jour 1 Jour 2Jour 4


 

Auteur et photos: Fanny Dudognon