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27 novembre 2015 – Après une introduction des plus réussie, nous y sommes enfin, le premier psaume de la Messe des Morts V peut commencer. Tout comme l’édition précédente, cette seconde partie délaisse les Katacombes pour une salle plus grande : le Théâtre Plaza. Le contraste entre la salle aux lustres de cristal et le public vêtu de noir et bardé de chaînes me décroche un sourire dès mon arrivée.

 


Verglas

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Le groupe Verglas a déjà commencé les hostilités lorsque j’arrive devant la scène. N’ayant pu écouter que des enregistrements de qualité relative, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. La puissance du chant est bien présente, mais le groupe semble désynchronisé. On sent un manque d’aisance de la part du groupe mais la courte durée du set ne me permet pas de juger plus.


Neige Éternelle

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C’est ensuite Neige Éternelle qui enchaîne sur son Metal Noir Québécois efficace. Le groupe ne se prend clairement pas au sérieux, le chanteur au corpse paint dégoulinant insulte amicalement l’audience en redoublant de « Allez tous chier », « Osti que vous êtes laids » tout en brandissant des bois d’orignal, ce qui amuse beaucoup les gens présents. Des titres comme Fier Patriote sont accueillis par des « Vive la côte nord » d’une partie de la foule. La direction du Théâtre Plaza privera malheureusement le public des habituelles branches de sapin qui jonchent la scène lors des prestations du groupe…


Brume d’Automne

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Après ce bon moment de plaisanterie, c’est au tour des québécois de Brume d’Automne de monter sur scène, après 12 ans d’absence. Autant dire que nombreux sont les fans venus applaudir ce groupe emblématique de la scène. Le charisme du chanteur met encore plus en avant les rythmes épiques que nous délivrent tous les morceaux. Chaque membre arbore fièrement la ceinture fléchée traditionnelle, symbole de l’engagement patriotique du groupe. Ce soir, « Les Corbeaux Crient leur Haine » dans une salle remplie d’adeptes.


Blacklodge

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Nous passsons alors d’un folk/black metal patriotique à un genre totalement différent avec les français de Blacklodge. En effet, la formation est caractérisée par l’absence de batteur qui a été substitué par une boîte à rythmes électronique, imposant ainsi les sonorités industrielles propres au groupe. Le chanteur guitariste principal est accompagné en back vocals par le bassiste et le second guitariste, ce qui ajoute encore plus de puissance à ce Black Metal particulier. J’avais déjà bien apprécié le titre  PsychoActive Satan tiré de leur album  Solarkult (2006, End All Life Productions) et il faut dire que le groupe se défend plutôt bien en live. Malheureusement, après rapide sondage dans la salle, les avis sont plutôt mitigés notamment en raison de la touche « electro » du groupe qui a du mal à passer.


Akitsa

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Le temps de la pause, les deux bars sont pris d’assaut par des hordes de metalheads assoiffés. A l’étage en particulier, il devient difficile d’attraper une bière à temps pour le prochain show. C’est le moment pour un autre groupe montréalais de déchaîner sa haine face aux fidèles de la Messe des Morts, j’ai nommé Akitsa. Réputés pour le côté misanthrope et nihiliste de leurs paroles, les musiciens prennent également leur rôle très à cœur. Mis à part le bassiste s’autorisant quelques mouvements de tête, les autres membres du groupe restent de marbre face au public. Le chanteur qui semble n’exprimer aucun sentiment en dehors d’une haine viscérale, pose droit comme un i sur scène. Cette position ajoute une certaine froideur à la prestation du groupe, ce qui colle bien à la philosophie du groupe. Le Raw Black Metal délivré par le groupe a quelque chose de martial et efficace.


Hypothermia

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Je me rapproche ensuite de la scène dans l’attente des suédois de Hypothermia, pour la première fois présents en Amérique du nord. 21h50, trois personnages encapuchonnés et vêtus de longues toges montent sur scène. Cette allure mystérieuse annonce déjà l’univers particulier du groupe de black atmosphérique/post-metal. Leur musique arrivée « d’ailleurs »  permet un voyage de l’âme, une sorte de projection astrale nous faisant oublier toute notion du temps. Le titre Svartkonst issu de l’album éponyme (2015, Agonia Records), me perd définitivement dans un autre monde. Le manque de chant durant de longs moments ne vient absolument pas trahir les parties instrumentales dont chaque note prolonge notre voyage vers l’au-delà. La performance du groupe semble avoir fait l’unanimité dans l’audience, chose à laquelle je ne m’attendais pas pour un genre aussi expérimental.


Lifelover

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Je reprends mes esprits avant que Lifelover entamme le dernier show de la soirée. Je suis plus qu’impatient de voir cette figure du DSBM aux influences post-rock, doom et dark ambiant, mélange particulier qui confère au groupe un son qui lui est propre. Leur course a malheureusement été stoppée en pleine ascension en 2012 suite au décès de B, co-fondateur du groupe. Le chanteur faisant partie de Hypothermia et de Kall (produit le soir de la Genèse, allez donc faire un tour par ici si ce n’est pas déjà fait !), je me demande comment celui-ci arrive à enchaîner son troisième concert dans un registre musical encore bien différent. Le temps de l’entracte, Kim (le chanteur) a troqué l’habit de moine pour un sarrau blanc taché de sang. Le personnage aux multiples cicatrices, mime à plusieurs reprises les gestes d’une scarification sur ses bras. Tout le côté dépressif et mélancolique de la musique est mis en avant et les musiciens semblent en transe lors de chaque morceau. Cancertid, Expandera ou encore Androider enflamment les fidèles venus apprécier le retour sur les planches de la formation. Comme le précisera Kim dans une entrevue le lendemain « that was a great way to put an end to Lifelover » (c’était un très bon moyen de mettre un terme au parcours de Lifelover – ndlr).

Le Psaume I touche à sa fin après une multitude d’émotions (et d’alcool!). Une partie de l’audience se rendra aux Katacombes pour une soirée after Messe des Morts, mais j’ai eu mon compte pour ma part. Je me préserve pour le Psaume II qui, je l’espère, sera tout autant satisfaisant que cette journée.

Auteurs: Kevin Rollet

Photographe: Thomas Mazerolles