Soprano 09

10 Mars 2015 – Mardi dernier, le Zénith de Toulouse accueillait un des rappeurs les plus doués de sa génération : Soprano. 5000 personnes avaient fait le déplacement pour écouter ce poète mélancolique qui manie les mots comme aucun autre.

C’est Sianna, rappeuse originaire de Beauvais qui fait son entrée sur scène à 20h pétantes, accompagnée de son acolyte du groupe Crack House : Fanko. Les femmes dans ce milieu se font plutôt rares et en la voyant on ne comprend vraiment pas pourquoi. Pendant 35 minutes elle va défendre son EP, sorti ce mois-ci, d’une main de maître. Le public se montre plutôt réceptif et le groupe quitte la scène sous une ovation. Méritée.

Il est 21h quand les lumières éclairent de nouveau la scène laissant apparaître un chapiteau. Bienvenue dans le cirque de la Cosmopolitanie. La voix de Soprano retentit, il se tient debout côté régie et entonne son dernier titre Le Clown. Il traverse la foule afin de rejoindre la scène, le tout dans une ambiance hystérique. Le concert démarre sur les chapeaux de roue. Je m’attends à vivre THE show ce soir.

Malheureusement mon enthousiasme sera de courte durée. Le bon choix des chansons est là, de A la bien à Ils nous connaissent pas, en passant par le magnifique Hiro, mais la voix n’y est pas, je ne reconnais pas ce timbre qui me fait frissonner quand je l’écoute l’album. Puis, il y a ces trous de mémoire… un “cratère” même quand sur Ti amo il est dans l’incapacité de sortir un seul mot du 1er couplet. Quelle déception!

S’en suivront des moments un brin plus agréables, comme les hommages aux Psy4 de la rime, Michael Jackson ou encore Bob Marley. Et des moments émouvants avec ces quelques mots sur la tuerie de Charlie hebdo et l’acclamation qui s’en est suivie. Ou encore les 3 morceaux écrits pour ses 3 enfants. Mais là encore ça ne prend pas, je ne suis pas embarquée dans l’univers de cet artiste que j’aime tant. En fait son univers je ne le reconnais pas ce soir. Je ne sais même pas s’il est utile de parler de ses 2 compères de tournée Zack et Diego censés chauffer la foule. Heureusement pour eux les gens sont bouillants mais pas sûr qu’ils en soient responsables. Le public aime Soprano et à l’air de pardonner toutes ces imperfections d’un soir. Pour ma part, après presque 2h de show, je sors du Zénith déçue en espérant que se soit juste un mauvais soir ou tout simplement le stress de la 1ère date d’une nouvelle tournée et que le Soprano que j’admire a encore toute sa place sur le devant du rap français. Rendez-vous pris le 10 juillet lors du Festival Pause Guitare d’Albi pour vérifier si ce soir ne fût vraiment qu’une simple erreur de parcours.

Photos : David Torres

Auteur : Elodie Gallenstein