Pneu

03 Avril 2015 – Mission impossible que de tenter de rapporter ce qu’il s’est déroulé hier soir au Connexion Café, tant et si bien que c’était tout bonnement indescriptible. Et pourtant, il faut bien remplir ces quelques lignes. Des duos abracadabrants étaient à l’honneur avec les groupes que sont Deux Boules Vanille (IIBV) et Pneu. Math-Rock ? Noise ? Oubliez de vous essayer à définir un style ou de déterminer une éventuelle setlist il n’y en a pas (et ils ne la savent même pas eux-mêmes). Une ligne de composition directrice et c’est parti pour 2 h de pure folie rythmique. Ça ne se défini pas, ça se vit. Tout simplement.

A 21h a débuté sur scène le set de IIBV. Deux batteurs, Loup Gangloff et Frédéric Mancini. Mais pas n’importe lesquels ! C’est le genre de gars qui nous démontrent que la frontière est mince entre le génie et l’absurde. Bricolos à leurs heures perdues les bougres ont en effet bidouillé d’étranges boitiers scotchés un peu partout sur leur matériel afin de donner des effets synthétiques à leur beat. Se mélangent donc avec les percus des sons de basses et de guitares mais également des sonorités autrement plus… improbables. Parfait mélange entre les Blue Man Group pour le côté percussion de garage et Kraftwerk pour les effets sonores artificiels et avant-gardistes. Mais se sont avant tout de grands enfants qui n’ont pas pu se passer de leur Game Boy et qui nous livrent des compositions « cosmico-virtuelles » délirantes mais néanmoins excellentes. Bref du Matrix sous LSD.

22h. Place à Pneu maintenant. Comme à son habitude, ce duo batterie (JB)  et guitare (Jay) est passé outre la scène pour jouer en plein milieu du pit. Et comme souvent, il faut jouer des coudes pour avoir la meilleure place dans un public concentrique toujours plus conséquent. Pneu est un « nucleus », un noyau où les gens gravitent autour au rythme des sonorités post-rock, noise, ou encore jazzy, etc. Encore une fois, il est totalement inutile de poser des mots savants sur un tel jeu. La cervelle s’atrophie, on ne pense plus et on se laisse aller intégralement.

Dans les concerts, on observe souvent les gens qui se secouent sur des rythmes imaginaires en contradiction complète avec ce qui est joué. Vous reprenez ce constat, multipliez-le par le nombre de gens présents, augmentez l’intensité par deux ou trois et vous obtenez une foule se mouvant frénétiquement avec une gestuelle totalement aléatoire. Des allures d’œuvre d’art vivante qui ferait pâlir les artistes « contemplent rien ». Car, c’est ça la force de Pneu. Peu importe ce qu’ils jouent, ils le jouent de telle manière que ça prend aux entrailles. Une musique qui vit, qui « se » vit, et qui nous met en branle. A voir absolument en concert, ça sera le meilleur report possible.

JB me confiera à la fin du set que l’essence même de ce qu’ils font c’est justement cela. La chair et le sang, et… les entrailles puisque sa dernière parole était : « maintenant je vais aller chi** ». Il m’oblige donc à la faire : Pneu ? Ça laisse des traces !

Auteur: Pierre Falba

Photographe: Antony Chardon