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Les Arts Noirs, malgré leur nombre croissant de fans, restent trop peu représentés en concert, en particulier en Amérique du Nord. Pour sa quatrième édition, le festival Messe des Morts s’impose à nouveau comme référence du genre en réussissant à réunir de grosses pointures du black metal tout en faisant la promotion de la scène locale. Il est important de noter que le festival ne serait rien sans l’organisation de Sepulchral Productions, qui en plus de produire la plupart des groupes de black metal au Québec (Forteresse, Monarque, Sombres Forêts…) fait visiblement un très bon travail de réseautage pour proposer tous les ans des exclusivités pour le festival. L’édition précédente (en 2013) avait été mon baptême pour ce festival et je me souviens encore de l’énorme prestation de Taake donc autant dire que mes attentes sont grandes pour cette Messe des Morts IV !

2 avril 2015 – Genèse, Katacombes

Comme c’est maintenant devenu l’habitude, le festival commence par une mise en bouche aux Katacombes. La soirée commence par les québécois d’Eos juste avant Délétère dont j’avais remarqué déjà la prestation en 2013. Leur album fraichement sorti ce mois-ci Les heures de la peste (Sepulchral Productions) passe bien l’épreuve du live. S’en suit Hellfire Deathcult, plus minimalistes dans l’attitude (cagoules noires pour chacun des membres malgré la chaleur) mais beaucoup plus brutal.

Soyons honnêtes, j’avais déjà entendu parler d’Azaghal. Les finlandais évoluent sur la scène depuis la fin des 90’s et ont gagné une bonne réputation mais je ne m’étais pas vraiment attardé sur le groupe. En guise de préparation j’écoute rapidement Omega (Moribund Records, 2008), que je recommande au passage, juste avant le show. Je n’ai pas été déçu ! Bien qu’un peu statique (il faut dire aussi que bouger sur la scène des Katacombes ce n’est pas si simple), le groupe est efficace, puissant et parfaitement dans sa thématique.

3 avril 2015 – Psaume I, Théâtre Plaza

Les choses sérieuses commencent ce vendredi ! Ce sont les montréalais d’Aversion qui ouvrent la danse, menés par une chanteuse dont les vocaux hurlés n’ont pas grand-chose à envier à ses homologues masculins. Viennent ensuite les québécois d’Hak-Ed Damm dans une veine plus martiale avant la prestation assez minimaliste de Thantifaxath.

Pour leur premier show au Canada, les new-yorkais de Mutilation Rites proposent un black metal assez varié et mis en avant par une bonne présence scénique. Leur son est efficace et leurs compositions passent très bien pour le public présent. Une de mes bonnes découvertes de ce festival. Je ne savais vraiment pas quoi attendre d’une prestation live de Make A Change… Kill Yourself. Le black dépressif et ambiant n’est pas vraiment le genre musical qui passe le mieux en concert. En tant que fan de leur premier opus éponyme de 2005 (chez Total Holocaust Records), je suis très curieux de leur prestation. Les danois ont fait le choix judicieux de jouer sur l’ambiance. La prestation est appuyée par la diffusion en arrière-plan de séquences vidéo dans la thématique du groupe de Copenhague : cimetières, immeubles désaffectés, insectes… Ynleborgaz (chant et guitare pour le live) s’adresse à la foule comme un dément. Petit point négatif à mon sens, entre la fumée en abondance et les lumières en fond de scène il faut vraiment écarquiller les yeux pour voir le groupe. Choix du groupe ou du staff technique du Théâtre Plaza je ne sais pas mais c’est dur de voir les détails des masques et corpse paints, même collé au devant de la scène.

Et là c’est le drame de la soirée. Merveille des compagnies aériennes, les membres de Cult Of Fire sont arrivés mais pas leur matériel… Le show est donc remis au lendemain faute de mieux et Shining doit jouer un set plus long.

Je manque complètement de subjectivité pour le show de Shining. Le groupe reste pour moi une pointure du genre autant sur les albums plus black traditionnel des débuts et après le virage opéré sur l’excellent V – Halmstad (Osmose Productions, 2007). Niklas (Kvarforth, chant) avec les débuts de Shining c’est le symbole le plus connu de la mouvance black suicidaire, les anecdotes et rumeurs plus ou moins fondées sur le groupe ayant fini par créer la réputation des suédois. Même s’il s’est assagit, il vit toujours sa musique sur scène et se comporte comme une véritable rock star du black metal (paradoxe ?) : il se laisse aduler par les fans au-devant de la scène, en profite pour faire passer sa bouteille de whisky et critique au passage Nattefrost (de Carpathian Forest)… Du reste, leur musique m’hypnotise et électrise la foule sur Yttligare ett steg närmare total jävla utfrysning tiré de V – Halmstad et des morceaux plus atmosphériques comme Ohm (VI – Klagopsalmer, 2009). Les quelques passages en voix claire sont tout autant efficaces. Quelques titres plus anciens trouvent leur place dans la set list comme Claws of Perdition (IV – The Eerie Cold, 2005) et Submit to Self-Destruction (III – Angst – Självdestruktivitetens emissarie, 2002). Finalement à part l’incident de Cult of Fire, ce Psaume I est une réussite !

4 avril 2015 – Psaume II, Théâtre Plaza

Cette journée commence un peu plus tôt que prévu car en marge du festival, Samael passait en dédicace à la boutique La Bête Noire Emporium (labetenoire.ca), c’est donc en retard que j’assiste au show d’Ordoxe et leur black metal assez énergique. Viennent ensuite les québécois de Beast Within qui distillent un black metal aux accents trash du meilleur effet, une bonne découverte ! Les américains d’Abazagorath me surprennent ensuite par l’efficacité de leurs compositions. Le son et bon et le batteur qui s’occupe également des vocaux réussi très bien les deux.

Avec Angantyr, les danois sont à nouveau à l’honneur du festival (la plupart des membres de Make A Change… Kill Yourself jouent également dans Angantyr). Cette fois on ne cherche plus à créer une ambiance, c’est le retour à un bon vieux show de black metal avec Ynleborgaz (chant et guitare pour le live) qui sonne la corne pour haranguer les trompes. Je me souviens les avoir vu à Paris sur la tournée de promotion de Hævn (Det Germanske Folket, 2007) avec un show sombre et assez minimaliste mais cette fois il y a une réelle intéraction avec le public. Le bassiste hurle des skål à la foule après chaque morceau (selon Ynleborgaz « the more you drink, the better we sound ») et le groupe fait tout le tour de la scène à la fin du concert pour serrer des mains (baise main pour les dames, galanterie nordique oblige). Les parisiens de Merrimack quant à eux font le choix d’une attitude très froide avec peu ou pas d’interaction avec le public. Vestal (chant) est littéralement possédé, se jette à terre, se frappe le visage et exhibe ses cicatrices au premier rang. Attitude nihilistique résolument black metal.

Vient alors la tête d’affiche de la soirée avec les suisses de Samael. Le show de ce soir doit reprendre l’intégralité de l’album Ceremony of Opposites (Century Media, 1994). C’est clairement le meilleur album de leur période black metal et pour beaucoup des fans de la première heure présents (moi y compris) l’album qui a fait découvrir le groupe. C’est un véritable plaisir d’entendre Black Trip, Baphomet’s Throne et j’en passe. Le son est bon, le groupe est clairement motivé tous les éléments sont réunis ! Xytras (batterie, programmation) saute comme un fou en tapant sur ses caisses. Le groupe finit sa prestation par quelques morceaux choisis du reste de sa discographie avec notamment des compositions du dernier album Lux Mundi (Nuclear Blast, 2011). Autre époque mais toujours aussi bon !

Malheureusement pour moi, avec le retard accumulé et l’heure tardive je dois quitter le festival alors que Cult of Fire se prépare à jouer… Grosse déception personnelle, j’aurais vraiment aimé les voir jouer tant le groupe de Prague sort de l’ordinaire en termes de son et de thématique dans le paysage musical du black metal. En dehors de ça un bon festival qui garde son esprit des débuts, je sais déjà où je serais l’an prochain !

Auteur & Photographe: Thomas Mazerolles