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Raised Fist à l’Xtreme Fest 2014 – Archive Thorium Magazine

30 Mars 2015 – Paradoxale. Voilà comment il m’est possible de résumer l’incroyable soirée qui s’est déroulée ce lundi 30 mars à La Dynamo. Car en effet, cher lecteur, tu as sous tes yeux mon tout premier article alors que ce concert fût l’un des tout derniers qu’accueillent les murs de cette salle qui nous a tant donné au cours de ses années d’existence. En cela ô Dynamo ! Au nom de tous je te rends hommage ! Au nom de tous… simplement merci.

Nous avons assisté à un avant-goût de l’Xtreme FEST (qui se déroulera à Albi les 17, 18 et 19 Juillet prochains) ; mise en bouche qui s’est révélée être un festin de roi pour les amateurs de Hardcore que nous sommes. Car oui ! la salle était comble en ce lundi grisâtre et bien morne. Un “Sold Out” majestueux prône sur la page facebook de l’évènement et à juste titre car groupes et public ont donné vie à ces murs mythiques. Une fougue nous a épris tout au long de cette soirée que ce soit sur scène ou dans le pit. Le reste de la semaine va être bien rude après une telle débandade. Ça valait le coup !

Il est 20h, la salle est déjà pleine. C’est surprenant pour un lundi et d’autant plus pour une première partie. Je me place dans un coin, j’observe en attendant le début des hostilités. Du Hardcore. Riffs qui démantèlent la dentelle de mamie et morceaux entrecoupés de breakdown histoire de pouvoir exprimer sa vivacité en headbang, pogo, slam etc.

This Life

This Life au Saint des Seins 2013 – Archive Thorium Magazine

Les minutes s’égrainent et la masse se tasse soit au fond de la salle, soit à proximité du bar. Elle est un peu plus éparse sur le devant. L’air de rien des gens montent sur la scène. Je regarde ma montre : 20h30. Ils sont pile poil à l’heure. Pour ce premier groupe c’est un quintet toulousain qui lance l’assaut : This Life. Présents sur la scène musicale depuis 2013, Mika (chant), Mamath (guitare), Xavier (batterie) et les petits nouveaux, Bast (guitare, anc. Not My Hero) et Rooliano (basse, anc. Dirty Fonzzy) ; reviennent à la maison pour une dernière date après un album (Lies About The Thruth), deux années de tournée et un nouveau line up. Une entrée en studio s’annonce prochainement pour un second album orienté Punk Hardcore. C’est donc avec générosité que les membres du groupe grillent leurs dernières ressources physiques pour nous faire découvrir nombre de ces nouveaux titres tout en oscillant avec ceux du précédent album.

Après une intro de bon augure, le public reste cependant frigide. C’est avec une tentative ratée que Mika tente de rameuter la foule sur de le devant de la piste. Pourtant la suite semble prometteuse puisqu’il nous présente une nouveauté 14 tears. Sur ce morceau vient le tout premier breakdown de la soirée. Il n’y a seulement que 2/3 têtes qui ondulent avec mollesse. Un échec. Pour un thème « mélo » selon le chanteur, le drame pourrait très bien être pour eux. D’autant plus qu’après la fin du morceau il nous présente le stand de merch. Ce n’est pas très judicieux à ce stade. Le groupe enchaine cependant avec le prochain morceau Are You Ready, présent sur leur premier album. Les sonorités Punk Rock de ce titre en mode me font étrangement penser au groupe The Offspring qui s’est pris un ou deux parpaings dans la face. L’image et le mélange est efficace : ça se bouge enfin dans le pit. Mouvement qui ne prendra fin qu’à la fin du set. C’est gagné. S’ensuit Who Order Who du même album. Des faiblesses dans la voix se perçoivent surtout dans les parties claires. C’est sans nul doute dû aux précédentes dates. Qu’à cela ne tienne ! Le rythme est frénétique et les chorus des guitaristes maintiennent la charge musicale que nous prenons dans la face. Et puis vient le néant… qui est le thème de la nouvelle composition About Nothingness aux sonorités un peu plus grave, à l’image du thème abordé. L’ensemble parait satisfaire le public qui comble enfin les espaces libres. Pour un combo lundi/première partie… c’est bien joué les gars. Suit une reprise dont je ne saurais confirmer l’origine tant j’ai eu du mal à comprendre sous l’exaltation de la foule. Nous avons ensuite découvert non pas un mais deux nouveaux morceaux intitulés New Anthem et Food vs Health qui nous offrent des sons massifs que je qualifierais de « poutres », notamment sur les breaks pour le premier et des changements rythmiques assez mélodieux pour le second ; donnant un second souffle en cette fin de set, ce qui permet d’éviter l’ennui pour les plus lassé d’entre nous. La prestation de This Life se termine sur les deux derniers morceaux de l’album : Highway to Nowhere et Celibrity’s Bells, Histoire de terminer sur un son rock frénétique pour l’un et de bons breaks bien gras pour le second. Et oui il faut finir les assiettes les enfants ! Éreintés ils rendent hommages aux assos, à nous et bien sûr à la Dynamo. Humbles.

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Black Knives à l’Xtreme Fest 2014 – Archive Thorium Magazine

C’est avec une redoutable efficacité qu’au bout d’un quart d’heure à peine le changement de groupe s’est effectué. Il est 21h15 et les gens n’ont eu que le temps de remplir de nouveau leurs verres. C’est autour de Black Knives d’entonner son intro aux influences USA forcées sous fond de Hip Hop et se terminant avec le punch line de Michael Buffer : « Let’s get ready to the rumble !!! », grand classique des combats de boxe. Cela prête à sourire sachant que Éric Estrade (chant), Kevin Le Floch (guitare) Etienne Dumas (guitare), Thomas Pedotti (basse) et Lucas (batterie, anc. Through My Eyes) qui remplace Bastien Lafaye, sont également de Toulouse et dont l’accent bien du Sud d’Éric tranche net avec une telle intro. Quelques-uns dans la salle se marrent. Et puis ils comprennent. Tel un uppercut, c’est un chant guttural explosif accompagné d’un instrumental mené à la double pédale endiablée qui déchante rapidement les taquins. Drop the shit. Ce morceau porte bien son nom. Nous avons à faire à du Metalcore bien fat. Le premier break du groupe laisse présager un changement de slip à la fin du set tant et si bien que les vibrations remuent les entrailles. La seconde poutre est Make It Happens, et on sent qu’ils ne nous laisseront aucun répit! Ils enchaînent break sur break, ce qui est propice aux pogos intensifs. Seul bémol, le chant clair qui tranche vraiment avec le chant guttural qui là il faut l’admettre, Éric, impressionne d’aisance et de puissance. Les versions studio des titres ne rendent absolument pas la qualité du chant typé grind qui vaut le coup d’écouter et de voir en live. On oublierait presque les musiciens au fond, qui semblent s’effacer derrière lui. Pourtant ils sont bien décidés à faire vibrer intensément ces murs.

Il est temps d’haranguer, non sans humour, la foule pourtant déjà bien motivée car ils nous invitent à voir ce qu’il y a derrière leur porte (Behind the Doors). Nous nous empressons d’y franchir le seuil. Un gros mosh s’installe et atteint ceux qui se pensaient à l’abri au fin fond de la place. Là où j’étais…. On apprend ensuite ce qui se cache derrière cette porte avec A Moving Face in the Shadow. Black Knives ralentit la cadence et nous laisse percevoir une mélodie rythmée par une batterie au beat tribal. Grandement appréciable et je sens que je me laisse aller. Malencontreusement un problème technique survient. Une corde vient de lâcher. Ils ne se laissent pourtant pas démonter et l’ingé son passe un morceau de House of Pain : Jump Around. C’est plutôt inattendu mais sympathique. Cela laisse le temps de causer, de présenter le festival et les remerciements, etc. Ça dure un peu et fini par lasser d’autant plus qu’on sent qu’ils commencent à être soucieux mais fort heureusement le problème est corrigé juste à temps et les gus redémarrent sans préliminaires pour terminer le morceau.

L’ingé son se manifeste de nouveau en lançant une intro encore une fois à la sauce Hip Hop. La manœuvre a eu pour but de créer un jump scare massif afin d’entonner avec fracas A Big Part, sans nul doute le morceau le plus représentatif du groupe. Les musiciens jusqu’à présent effacés commencent enfin à s’émoustiller sur scène. Ça tambourine sévère et les murs vibrent comme si la salle allait entrer en éruption. Un peu comme certains titres de l’album Precambrian de The Ocean mais en beaucoup moins subtil. Cela a eu pour effet de faire sortir de leur tanière quelques membres du staff de Raised Fist intrigués par l’affaire. « Venus du Nord », ces suédois au faciès hyper stoïques n’ont pas pu réprimer des mouvements de doigts et de têtes. Discrets certes mais bien présents. Habile. Le morceau suivant Wolfpack rend hommage à Bastien qui a récemment quitté le groupe. Après le volcan le tonnerre. Ça poutre sévère mais c’est malheureusement trop court, on reste un petit sur notre faim. Mais c’est vite pardonné puisqu’ils entonnent les deux derniers morceaux du set. Nothing Last Forever qui est dans la continuité de la prestation ; puis Take the Best où deux courageux se décident enfin à tenter le slam. Mis à part le morceau A Big Part, l’ensemble des titres provient de l’opus The Thirteenth Hour, que je conseille aux amateurs du genre. Du bon donc.

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Raised Fist à l’Xtreme Fest 2014 – Archive Thorium Magazine

22h20 c’est au tour des très attendus Suédois de Raised Fist. L’intro très cinématographique sous-entend qu’il va y avoir quelque chose d’épique. La salle est comble, ça joue des coudes pour essayer de prendre ses aises. En vain puisque dans quelque secondes ça va pas tarder à remuer sévère. Je lève la tête : même chose à l’étage. « Sold Out » qui disait ! L’air de rien Jimmy Tikkanen, le guitariste, arrive le poitrail à l’air. Un coup de chaleur ? Sans nul doute qu’il ne sera pas le seul à faire tomber le t-shirt. Le reste du groupe arrive peu à peu : Alexander “Alle” Hagman (Chant), Andreas “Josse” Johansson (Basse), Daniel Holmgren (Guitare) et Matte Modin (Batterie). Ils commencent leur set avec un morceau de l’album éponyme Sound of the Republic (2006). La voix d’Alle monte bien dans les aiguës avec un flow rapide et frénétique. Malheureusement on n’entend presque rien. Problème de réglage sonore… mais cela n’empêche absolument pas les gens de monter sur la scène pour se jeter dans la foule. Ça commence très fort. Vient ensuite Flow, morceau du nouvel album From the North. Les sons à la fois percussifs et groovy entraînent un mouvement de têtes en accord avec les riffs. Le flux de paroles est bien plus audible désormais. Oh ! Ça y est c’est au tour des filles d’apprendre à voler !

A la fin du morceau le chanteur nous harangue. Il le fera tout au long du set. Ce qui est sûr c’est qu’il aime raconter des histoires, ça tombe bien on est là justement pour les écouter. Place au Chaos maintenant qui est également présent sur ce nouvel opus. Le titre maintient la sauce mais se résulte par un lourd problème de gratte. Imperturbables, ils nous font patienter avec un jam basse/batterie tout à fait sympathique. « C’est put*** d’incroyable de venir sur Toulouse un lundi ! Vous êtes des fous et on aime ça ! ». La foule hurle. Le souci technique pend fin et ils enchainent avec Some of These Time. Un peu plus de douceur dans cette mouture mais la rage est tout aussi présente grâce aux notes de basse slap de Josse et le chant d’Alle toujours aussi frénétique. Puis ce même bougre, à son tour fait tomber le t-shirt pour Tribute (album Fuel, 1998). Ce morceau est en totale opposition avec le précédent ; double pédale à l’appui les membres du groupes se déchainent sur scène. Ça remue sévère également dans le pit. Gros pogo à l’œuvre lors des breaks puissants. Sans prendre de temps de souffler ils passent directement à Wound (alb. Veil Of Ignorance, 2009) qui maintient la pression. Le rythme des slams s’accélère. Running Man maintenant (alb. Ignoring the guidelines, 2000), et on a droit à la petite histoire qui accompagne le titre. Il y a comme une certaine nostalgie dans la voix du chanteur et dans son scream à la fois hyper puissant et de longue haleine qui s’en suit. Tout le monde applaudit à la fin. Pretext de l’album Fuel fait la part belle à la basse de Josse quant à Alle, encore une fois en bon prêcheur, nous invite fortement à ne pas perdre de temps et à profiter de la vie car on peut mourir demain. Sympa le type mais s’il te plait pas tout de suite là pour l’instant on profite !

Killing It (Sound of the Republic) maintenant où ils calment un peu plus le jeu, on arrive à la fin du set certes, mais le but est de laisser le temps de bien exposer les paroles engagées du titre. Man vs Earth relance la machine à headbang. La mélodie possède un souffle épique caractéristique du Metal de ce coin de l’Europe. Avec une telle composition le nom de l’album, From the North, prend tout son sens. Associé au style Hardcore cela donne un excellent titre très appréciable aussi bien en album studio qu’en live. Mais comme les bonnes choses ont une fin voici le dernier titre du set, la foule cri son désarrois. Mais… You Ignore Them All donne la part belle à la batterie qui s’exprime avec hardiesse histoire de finir avec fracas.

Fin du set. La foule hurle. Cependant Alle nous demande de nous taire. Les secondes de silence se succèdent. Que se passe-t-il ? C’est alors qu’il monte sur le retour prend une pose de héros de manga aux cheveux flamboyant et hurle un immense merci à la foule qui le suit ! Le groupe quitte la scène et la foule ne cesse de hurler « Raised Fist ! ». La magie du rappel. Le groupe réapparait devant nous pour nous gratifier de deux autres moutures : Perfectly Broken et Friends and Traitors. Le chanteur hurle pour une dernière fois « We are mentaly disturb !!! » et effectivement ça se déchaine totalement ! C’est moi où les murs s’effritent ? Wouah ! Comme au toboggan le public fait la queue pour le saut de la foi dans la foule. Des slams en chaine. Cela se termine avec un poing levé général pour la photo finish sous un son bien lourd bien gras flirtant avec le Doom avant l’explosion finale. Puissant. Avant de disparaitre Alle se shoote une dernière fois aux vibrations de la foule hurlante. Et puis tout s’arrête. La pression retombe et la Dynamo se vide inexorablement. Le temps de passer au merch et je sors à mon tour. Je ne stoppe mes pas que pour me retourner une dernière fois, lorgner l’enseigne de la Dynamo et émettre un long soupir. Et puis je reprends ma route.

Incroyable soirée. Merci aux organisateurs, Noiser et Pollux Asso, aux zikos et à la Dynamo dont j’espère un futur radieux dans leur nouvelle aventure.

Auteur : Pierre Falba

Photos : Archive Thorium Magazine